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Pourquoi les bidonvilles ? Problématique
Bientôt, près de 30% des citadins du monde vivront dans des bidonvilles. Aucun doute, il n'est plus question de qualifier ce type d'habitat de marginal.
Pourtant l'effort architectural consacré à cette population reste quasiment inexistant. Alors que des centaines d'agences viennent confronter leurs idées autour d'un concours international qui a pour but de construire un siège social d'une multinationale quelconque, un ou deux architectes "aux pieds nus" se battent dans la boue pour améliorer le quotidien de milliers de personnes dans un bidonville au Pérou. Sans vouloir tomber dans la caricature, on peut néanmoins s'interroger sur la proportion du travail et des moyens mis à disposition de ces populations.
Ce qui est vraiment marginal aujourd'hui dans le monde de l'architecture et de l'urbanisme tel qu'il est véhiculé, c'est ce que Yona Friedman appelle « l'architecture de survie ». Les étudiants en architecture sont peut être incollables sur l'œuvre de Le Corbusier et sur la façon de construire la ville au temps des romains mais ils ne savent rien ou presque de l'habitat précaire et de la ville informelle ou vivent actuellement des millions de personnes. Ce constat est d'autant plus consternant dans les pays en voie de développement directement touché par la bidonvilisation de leurs agglomérations.

« La recherche de l'architecture, comme toute la recherche scientifique actuelle, se trouve confrontée à deux alternatives : devenir un véritable service pour tous les "usagers" ou bien cultiver le mirage d'un environnement toujours "meilleur", réservé à une fraction toujours plus restreinte de la population mondiale. » (Benevolo : Histoire de la ville)

Ce mémoire est le fruit de ce choix. Aujourd'hui il est urgent que l'architecte soit informé afin qu'il puisse jouer son rôle de constructeur d'espace même dans les bidonvilles. L'architecte doit s'engager pour la résorption de la ville et de l'habitat dits précaires. Il est important que l'architecture "participationiste" se démocratise et que les architectes réapprennent à travailler en prise directe avec l'usager.
Il me semble que les architectes ont tout à gagner en remplissant cette nouvelle mission car le travail sur des situations originales d'urbanité déjà préexistantes peut apporter une grande richesse à l'architecture, ainsi qu'une expérience très bénéfique pour les professionnels. Derrières les tôles rouillées, se cache une culture, des techniques, un espoir, qu'il serait inacceptable de délaisser au profit d'une image de modernité virtuelle.

Questionnement. Contenu
Dans l'histoire de la ville, le bidonville est une forme urbaine très récente mais son essor est extrêmement préoccupant. Pour contrôler l'un des plus gros bouleversements de l'histoire du monde, une stratégie internationale, audacieuse et réaliste s'impose dès à présent. Objectif : construire en 20 ans autant que depuis le début des cités il y a dix millénaires. « Il est illusoire de préconiser un seul remède à la question du "logement pour le plus grand nombre"» (Paquot Thierry), mais il est certain qu'il faut tout mettre en œuvre pour tenter de contrôler l'explosion urbaine des pays en voie de développement. Pour l'instant, les budgets internationaux pour le logement restent malheureusement ridicules par rapport aux budgets déployés pour l'armement… - Comment agir avec les moyens modestes mis à disposition ?
- Quelles sont les stratégies mises en place ?
- Comment l'architecte peut travailler dans ce contexte, quel est son rôle ?

Lorsque l'on intervient sur un bidonville pour y apporter du progrès, il en résulte immanquablement une modification de la vie de ces habitants.
- Est-ce qu'un transfert de technologie (et par conséquent d'une culture) est réellement bénéfique pour les populations des bidonvilles ?
- Quelles technologies pour quelles cultures ?
- A quel point l'européocentrisme est dangereux à court et long terme ?

L'autoconstruction et la réhabilitation ont porté quelques fruits. Si dans les pays du Nord, l'architecture est désormais construite par les architectes pour le peuple, par contre, dans le contexte de la résorption de l'habitat précaire, il semblerait que l'architecture doive être construite par le peuple avec l'architecte. Ce dernier a un rôle de guide qui travaille en étroite corrélation avec les usagers. Une de ses grandes qualités sera sa capacité à s'effacer et à écouter. Son travail acquiert par conséquent une dimension sociale importante. Les acteurs auxquels est confronté l'architecte des bidonvilles n'a rien à voir avec les acteurs conventionnels : main-d'œuvre non qualifiée ou presque, acteurs sociaux, administration locale, organismes internationaux, ONG, etc.
- Est-ce que la formation d'architecte est adaptée à ce travail ?
- A quelle échelle est-il le plus efficace de travailler : individu, famille, communauté, association, entreprise privée, état ?
- Comment exploiter la potentialité humaine et urbaine des bidonvilles ?
- Le terme de réhabilitation est-il adapté puisque l'essence de cette dernière est de retrouvé un état - ancien qui a disparu ?

Il semblerait qu'il n'y ait pas de modèles opératoires généraux, c'est du coup par coup.
« A la place de l'uniformité technocratique, il importe d'envisager des solutions pluralistes nuancées, tenant compte des particularismes des traditions, des usages, des coutumes, de la diversité historique. Ce sont ces contraintes que l'architecture doit refléter afin de respecter la personnalité de chaque type d'habitant, l'originalité de son décor, son mode propre de relations sociales. » (DIOP Elhadj). L'architecte ainsi que son architecture doit faire preuve d'une grande adaptabilité et d'une grande modularité car aucun bidonville et aucune culture ne sont tout à fait identiques.
- Est-il possible d'être rentable à petite échelle ?
- Comment exploiter les potentialités de matériaux gratuits très bon marché de chaque région ?
- Comment le recyclage peut-il intervenir dans le travail des architectes ?
- Comment apprendre les techniques adéquates ?
- Comment innover dans le domaine de l'architecture des bidonvilles ?

Pourquoi une base de donnée sur internet ? Forme
Il me semble que ce dont souffre le plus le sujet des bidonvilles chez les architectes n'est pas le désintérêt mais surtout le manque d'information. Pour travailler l'architecte utilise une grande quantité d'outils à la fois théorique et pratique. Il a besoins de données concrètes sur la culture des usagers, les modes de vies, les conditions urbaines, les modes constructifs, les matériaux, l'environnement, etc. Il lui est aussi très utile de connaître l'expérience des autres afin de répéter les bonnes idées et éviter celles qui ne fonctionne pas. Bref pour travailler efficacement il faut « connaître le terrain ». Or on constate que le lieu de la ville informelle est presque une « terra incognita » pour les professionnels de l'architecture.

Pourtant il existe de la documentation sur le sujet, des organismes travaillent dans le cadre des bidonvilles. Des projets d'urbanisme et d'architecte de toute sorte ont déjà été réalisé et l'on a fait de nombreuses expérience sur les matériaux et les modes constructifs alternatifs. Malheureusement la diffusion de ces information est trop confidentiel car elle ne correspond pas au canon de l'architecture moderne proposée par les revues.

Ce mémoire se propose de jouer un peu un rôle de boîte à outils, une sorte de recensement sur le sujet des bidonvilles de tout ce qui peut être utile à l'architecte engagé pour l'amélioration des espace de vie. Cette base de donnée doit être consultable n'importe quand et n'importe où et doit être régulièrement alimentée.

Le choix de la toile Internet comme support est évident car il répond à tous les besoins et caractéristique de la base de donnée :
- très large disponibilité
- possibilité de la relier à de nombreux organisme
- Mise à jour aisée
- Gratuité
- Interactivité avec l'utilisateur.

Cette base de donnée a pour objectif d'être vivante. Elle doit pouvoir réagir à l'utilisateur et ce dernier doit aussi être capable de la faire évoluer et l'enrichir. A terme on pourrait lui adjoindre un forum de discussion ou bien la relier à des forums de discussion existant.